La mondialisation s’est donnée comme ultime mission de connecter la planète, la rendre interdépendante. Pour réaliser cette mission, un mot d’ordre : la circulation. Par le biais de la circulation des biens, des personnes, des capitaux, des informations, des technologies, la mondialisation met en mouvement la planète pour la mobiliser. A mesure qu’elle se rapproche de son objectif, les mouvements des groupes humains augmentent, s’accélèrent, se généralisent. La planète vit des moments agités et les flux se multiplient et s’intensifient à toutes les échelles. On navette, on pendule, on migre, on voyage, on travaille entre deux pays ou plusieurs continents. Ici, là-bas et ailleurs respirent le même air, se déploient dans un même flux. La mondialisation se nourrit de la vitesse et de la fluidité, tandis que les hommes tentent de suivre le rythme de cette maîtresse aussi excitante qu’insaisissable, fatigante que créative.

La Planète nomade ⇒ un Réseau de phénomènes interdépendants

Pour vous exposer un peu la logique de la réflexion du Projet Cosmopolis, j’ai établi une chaîne de causalités induites par cette grande dame déstabilisante. Cette chaîne de conséquences et de rétroactions sert de socle à cette pensée, et doit permettre de mieux se représenter les dynamiques à l’œuvre.

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Toutes ces notions sont intimement liées. La mondialisation met le monde en mouvement, puis le monde mobile transforme nos identités, redéfinit les échelles de gouvernance, modifie notre rapport à l’espace, dessine de nouveaux lieux et recompose les territoires, modifiant l’espace en profondeur. La coprésence elle enrichit et bouleverse, conduit à des réactions, et par rétroaction modifie le degré de mondialisation et les règles du monde mobile.

Reprenons un peu les différents éléments pour préciser leur rôle.

Marché mondialisé ⇒ Mobilités

Le mouvement : conséquence et dépendante du grand marché, de la mondialisation économique.

Mobilités ⇒ Identités

Si la géographie de la mondialisation est économique à priori, elle est culturelle à posteriori, car les impulsions économiques ont des conséquences culturelles. C’est pourquoi au cœur de la réflexion, on retrouve la question des identités, qui sont le pouls de cette chaîne. Influencées par le monde mobile, elles influencent à leur tour toute la suite de la chaîne. La mondialisation a bouleversé tant les identités individuelles que collectives. Les peuples se sont tant mélangés que, incertains de leur avenir et voyant leur échapper leur passé, ils se sont demandés qui ils étaient.

Les frontières du groupe moderne étaient celles de l’État-nation, et son identité circonscrite par cette échelle là aussi. Désormais les contours et les appartenances se sont complexifiés. Si on continue à se définir par rapport à un territoire étatique, nos appartenances peuvent déborder ce cadre. On peut s’identifier à de multiples lieux pas forcément contigus mais connectés. Notre identité peut être le résultat d’une identification, une appartenance à un réseau de lieux. Notre identité peut être transnationale, dépassant les frontières des États, voire cosmopolite, lorsque notre sentiment d’appartenance s’étend au monde. On peut aussi revendiquer une appartenance locale et globale mais pas nationale. A savoir s’identifier à un lieu et au monde, sans s’identifier forcément à l’État-nation dans lequel on réside. Dans tous les cas, nos identités sont le fruit de mélanges, de bricolages, elles sont toujours hybrides. Aujourd’hui, on doit trouver l’équilibre, tenter de concilier nos multiples appartenances, conjuguer nos identités locale, régionale, communautaires, nationale et mobile.

Mobilité ⇒ Rapport à l’espace

La mobilité modifie également notre rapport à l’espace. On peut désormais vivre de la même façon dans de multiples lieux, indépendamment de leur situation. Ce n’est pas pour autant que la mondialisation nous a déterritorialisés. Si on flotte en partie sur les réseaux, on reste pour autant ancrés dans un lieu et attachés à nos racines. On est à la fois nomades et sédentaires.

Mobilité ⇒ Allégeances et citoyenneté

Avec le déplacement, on ne vit plus forcément dans l’État de nos origines. Du coup, nos allégeances se sont multipliées, tout comme d’ailleurs les échelles de gouvernance. Dans ce contexte, la place de l’échelle de gouvernance nationale doit être pondérée, et le modèle de citoyenneté s’adapter aux appartenances transnationales. La nationalité doit redéfinir sa place face à la glocalité, à savoir entre nos appartenances au monde et au lieu.

Grand Marché & Monde mobile ⇒ Transformations de l’espace

En jouant sur les différentiels de coûts à l’échelle mondiale, le marché a modifié en profondeur les espaces et les organisations des sociétés au gré de ses localisations successives. En jouant sur les différentiels de revenus à l’échelle mondiale, les hommes courent après les pourvoyeurs de fond. Ce jeu de l’offre et de la demande a gonflé exodes urbain et transnational. La théorie de l’avantage comparatif a été élevée comme stratégie résidentielle à l’échelle du globe. La prospérité économique de certaines régions fait qu’elles s’ouvrent aux mobilités, redirigeant les flux humains. Les routes migratoires s’adaptent à la modification des centres économiques mondiaux, avec un décalage temporel. Dans un monde qui va plus vite, les êtres en transit développent une territorialité éphémère, ont vocation à s’ancrer sans s’enraciner. Les migrants intérieurs eux jouent et composent entre lieu d’urbanité et lieu des racines.

Si le marché est devenu mondial, il n’a pas pour autant mondialisé uniformément les territoires. Du coup, la géographie de la mondialisation contemporaine présente un paysage ségrégué à toutes les échelles : locale, nationale et globale. La mondialisation a redéfini les hiérarchies à l’échelle du globe et déséquilibré les espaces, saturant certaines régions et en vidant d’autres. Elle a créée de nouvelles périphéries et consacrer de nouveaux pôles, centralisant les uns, marginalisant les autres. Elle a concentré les hommes dans les centres de ses réseaux, les Villes-Monde, qui représentent ses plus flagrantes créations. Elle a également réorganisé les territoires nationaux, entre centres urbains hyper connectés, lieux privilégiés de la diversité, et campagnes ou périphéries fragilisées, potentiels lieux de repli. A l’échelle locale, les migrants issus des marges globales et nationales seront les plus ségrégués spatialement. Les migrants mondialisés de culture urbaine auront plus facilement accès aux espaces centraux les plus disputés.

La mondialisation financière n’a pas seulement hiérarchisé les paysages urbains ou nationaux, elle les a redessinés, directement ou par le biais des mobilités qu’elle a engendrées. Elle a par exemple créé des paysages uniformes de centres d’affaires et d’espaces de consommation dans toutes les Villes-Monde. Les millions de déplacements quotidiens, éphémères ou durables, réorganisent eux l’espace à toutes les échelles. Les différents types de mobilités sculptant et redessinant inlassablement les territoires. Ainsi les mouvements internationaux ou pendulaires ont multiplié les espaces de l’éphémère, faisant par exemple des nœuds de transports des lieux populaires, de nouveaux espaces de vie en communauté.

Quant aux paysages nationaux, ils reflètent la nouvelle donne économique mondiale, les nouvelles dynamiques de pouvoir et les différentiels de développement. Les investissements des uns modifient le territoire des autres. Tout comme la citoyenneté des hommes, celle des murs ou du sol n’est plus forcément définie par les frontières étatiques. Le patrimoine devient lui aussi transnational. Pour ne vous donner que quelques exemples, des pays en forte croissances ou des firmes transnationales rachètent d’importantes portions de terres notamment en Afrique. De riches investisseurs qataris, chinois ou encore russes rachètent des morceaux de cœurs de villes européennes emblématiques, comme Paris, Londres ou Genève. Le surplus de liquidités des uns comble les dettes des autres. Ainsi la Grèce vend ses îles et ses emblèmes, au risque de se voir démanteler. On peut aussi citer ces nombreux paysages périphériques ruraux ou alpins abandonnés et réinvestis par des touristes étrangers, modifiant la démographie de régions entières.

Mobilité ⇒ Identités ⇒ Territoires identitaires et Cohabitations

Tous ces hommes en mouvement amenés à cohabiter apportent avec eux leurs cultures, et les territoires portent donc la marque des identités culturelles. Des territorialités différentes doivent co-habiter sur le même espace et apprendre à vivre ensemble. Cette cohabitation est particulièrement sensible dans les Villes-Monde, qui en tant que centre de commandement du réseau mondial, concentrent hommes et activités. Ce sont au cœur de ces pôles, véritables laboratoires, que se dessinent de nouvelles configurations spatiales et s’esquissent des pistes de cohabitation pour le monde de demain. Là que les nations se redéfinissent en reformulant l’équilibre entre communautés et société.

Feed-back ⇒ influence sur degré de mondialisation

Tous les bouleversements induits par la mondialisation ont inévitablement conduit à des réactions. Parmi ces réactions, la réaffirmation des identités culturelles ou un mouvement de retour et de réaffirmation des terroirs. Mais cette hyper domination du réseau économique mondial et les flux humains qu’elle entraine dans son sillon ont également engendré des réactions politiques, et conduit à un bras de fer avec les États, et à un mouvement de fermeture des frontières. Ces réactions engendrent à leur tour des rétroactions, et rejaillissent sur le degré d’ouverture du monde et l’état de la mondialisation.

Mondialisation ⇒ Besoin de nouveaux Mythes

Le monde esquissé par le monde mobile a rendu caducs nombre de modèles et de concepts. Le couple nomade/sédentaire n’est plus pertinent, le national plus l’échelle privilégiée, les théories sur les migrations sont à réviser. Au moment où la mobilité et ses conséquences surinvestissent le débat politique et se profilent au cœur de nombreux enjeux sociétaux, on a plus que jamais besoin de nouvelles visions pour les déchiffrer. Or la pauvreté sémantique pour traiter de ces questions, notamment en ce qui concerne la mobilité, est flagrante, se résumant à peu de choses près au seul mot d’immigration. Nous avons désespérément besoin de mots pour qualifier un mouvement complexe et multiple, désespérément besoin de mots pour que cet unique mot ne soit pas considéré comme la cause de tous les maux. Pallier au manque d’Imagination(s) s’annonce comme un remède privilégié à envisager. En bout de chaîne, la mondialisation défie donc les chercheurs en les plaçant face à la nécessité de créer de nouveaux mythes et de nouveaux modèles pour penser le monde mobile, des modèles capables d’en saisir et d’en restituer sa complexité, et de diminuer ainsi l’anxiété.

Partie I. Cohabitations

Voilà pour le cadre général de la partie Étonnement géographique de cette réflexion dans le monde mobile. Pour la suite, le programme est dense, car traiter de mondialisation, de mobilité, d’identités, de territoires et d’États revient à ouvrir la boîte de Pandore. La majorité des réalités sociales contemporaines y sont liées, connectées entre elles. Elles fonctionnent elles aussi en réseau.

Ouverture & Fermeture : le grand Jeu

Comme je vous l’ai dit en avant-propos, la phase d’observation du monde mobile s’est étalée sur un certain laps de temps. Du coup, si quand j’ai débuté cette réflexion je m’étais fixé pour objectif de déterminer à quoi allait ressembler un futur monde constitué majoritairement de groupes mobiles, de diasporas flottant perchées quelque part dans l’ailleurs, et la date de péremption annoncée de l’État ; le temps passant, l’avènement et l’évidence du monde mobile ne m’ont plus paru aussi inéluctables. Le retour de l’État sur le devant de la scène a quelque peu corsé l’exercice. Et les mouvements de résistance activés par la mondialisation ont fait ressembler notre planète à un champ de forces opposées, à un monde en proie à une tension entre poussées mondialisantes et contre-offensives démondialisantes.

On assiste en effet depuis quelques années à une entame de marche-arrière, réaction à une accélération qui aurait été trop soudaine, conduisant à une désorganisation trop brutale du monde. L’avenir nous dira si cette marche arrière aura fonction de simple garde-fou pour équilibrer un mouvement libéral devenu trop hégémonique, si elle représente une résistance passagère ou signe la véritable amorce d’un contre-mouvement. En attendant, le duel mondialisation-démondialisation créé un beau bazar, dispersant l’énergie nécessaire pour ajuster et organiser un monde mobile encore désordonné. Un duel au résultat moins que probant : divisions, rejets,  fermetures, impuissance, guerres. Aux migrants de la mondialisation commencent désormais à venir s’ajouter ceux de la démondialisation, renforçant les tensions et amplifiant la cause du rejet.

A la lumière de ces rebondissements, j’ai  donc procédé à des ajustements, et réorienté ce qui devait être à la base une démonstration de force du Monde mobile et ses conséquences, pour affiner la réflexion et aboutir à un récit en quatre temps. Ce récit est basé sur la lutte entre le Réseau et le Territoire. Avec d’un côté le Monde du Réseau, de la mondialisation assumée, ses échanges tous azimuts, son chaos, son monde organisé autour de la mobilité, transformé par les flux qui le traversent, monde caractérisé par l’hybridité. De l’autre, le Monde du Territoire, de l’État, des identités nationales, de l’ordre et des frontières.

Échelles de cohabitations

A travers ce récit, il sera beaucoup question de cohabitations. On va parler cohabitations à trois niveaux. A notre toute petite échelle d’abord, en cherchant des pistes pour parvenir à faire cohabiter nos désirs d’ancrage et de mobilité. On parlera bien sûr de la cohabitation entre le modèle du Territoire et le modèle du Réseau. Enfin, de la cohabitation entre nous, citoyens mondialisés des États-nations, citoyens à la fois du Territoire et du Réseau. Car si la cohabitation Réseau-Territoire détermine nos mobilités et nos cohabitations, elle est aussi influencée par la tension qui se joue en chacun de nous. En parvenant à concilier au niveau individuel mouvements et sédentarité, on aide à réconcilier à plus large échelle Réseau et Territoire. Pour résumer, ces trois modes de cohabitations s’influencent, se répondent et sont interdépendants.

Quant à notre cohabitation, elle risque d’être un peu compliquée durant les trois premiers temps de cette première partie. Je ne vous épargnerai ni l’ennui, ni le moral. Car il va d’abord falloir poser les bases, et voyager un peu dans la théorie. Puis traverser une zone un peu secouée. Mais j’espère que vous ne vous découragerez pas, car au terme du temps 3 l’horizon s’éclaircira.

Monde du Territoire et monde du Réseau

Le Monde du Territoire. Principe : contenir le pouvoir, les flux et les identités à l’intérieur d’entités géopolitiques circonscrites et délimitées

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Le Monde du Réseau. Principe : le pouvoir est concentré dans les pôles du réseau global interconnectés, transgressant les frontières territoriales et re-hiérarchisant l’espace à toutes les échelles. Les identités et les flux sont transnationaux.

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Récit en quatre temps

Temps 1. État des lieux

Je vais d’abord enchaîner avec un état des lieux de nos invasions, suivi d’un état des lieux des Mots qu’on a pour les qualifier et des Mythes dont on dispose pour vivre ensemble. Je vous parlerai entre autres de l’échec de la politique multiculturaliste ou de la portée limitée du cosmopolitisme. On assistera ensuite au match des titans, entre le monde post-national d’Arjun Appadurai et le « choc des civilisations » de Samuel Huntington.

Temps 2. Consécration du Réseau

Après cet état des lieux, je vous présenterai le Réseau et vous embarquerai dans le monde transnational. La deuxième phase du récit traitera de la consécration du Réseau, du monde pré-11 septembre 2001, celui de la chute annoncée des organisations politiques enclavées et de l’avènement annoncé du post- et du trans- national. Toute figure hégémonique s’accompagnant toujours d’une idéologie, on tentera de mieux saisir celle-ci à travers le transnationalisme, idéologie mais également modèle de cohabitation pertinent pour le monde mobile.

Temps 3. Retour du Territoire

On redescendra ensuite sur la terre ferme pour parler des enjeux identitaires et tâter le pouls de l’état de l’État, et traverserons une grosse zone de turbulence lorsqu’on abordera la crise de la mondialisation et le mouvement de démondialisation amorcé. Car la troisième phase du récit voit la riposte s’organiser. Riposte qui sera marquée par deux moments de démondialisation : le 11 Septembre 2001, son choc des civilisations et l’amorce d’une dé-circulation des personnes ; la crise financière de 2008, et le retour du protectionnisme.

Le premier moment de démondialisation suivit les événements du 11 septembre 2001 et prit la figure d’un « choc des civilisations ». Cet avertissement sonna comme une alerte dont le monde du Réseau ne prit pas la mesure, continuant parallèlement son ascension et sa course folle. Quelques années plus tard, le monde entamera une nouvelle phase de démondialisaton, débutée celle-ci avec la crise économique de 2008, zone de turbulence qu’on traverse encore actuellement. Désormais, le monde du Territoire-État a quitté les coulisses pour occuper le devant de la scène, sur laquelle il se bat en duel avec le monde du Réseau-Mondialisation. Partout la voix des libéraux et des progressistes diminue tandis que celle des réactionnaires et des conservateurs s’impose. C’est le temps de la Crise !!! Crise économique, politique, sociétale, de civilisation. On assiste à la recrudescence des mouvements populistes et conservateurs, et nos sociétés multiculturelles sont partout décriées. La circulation est désormais acculée de tous les maux : cause du chômage, crise du logement, explosion démographique des uns et désertification des autres. Les hommes qui bougent créent la panique, les gens du voyage sont houspillés, tandis que des requérants d’asile échouent en pleine mer ou dans des prisons. A l’intérieur les tensions augmentent aussi, entre phénomène de désintégration et replis communautaires, la nation peinent à se souder.

Si les politiques sont unanimes devant le constat de crise, ils manquent cruellement de visions pour résoudre les tensions et adoptent des positions ambivalentes face à la mondialisation. La démobilisation du monde et le retour à l’ordre sonnent comme d’efficaces slogans électoraux. Devant leur incapacité à résoudre, à organiser, à perfectionner, la tentation de défaire n’est jamais loin. De simple riposte, le repli se présente désormais comme véritable alternative. C’est le chaos sur le chaos, le retour des peurs funestes, d’une tendance démondialisante qui a échoué lamentablement lors de sa dernière édition.

Temps 4. Réconciliation ?

Entre le temps 3 et le temps 4, le récit se fait intrigue. Car bien malin pourrait savoir comment tout ceci va évoluer. Mais rien n’empêche de chercher quelques pistes, de dénicher quelques indices pour résoudre l’intrigue et arbitrer le match. Et une des pistes qu’on abordera s’appelle Hybridité. Il semblerait que les mondialisations ont bien trop hybridé le monde pour que Réseau et Territoire prennent le risque qu’un des deux ne triomphe sur l’autre. Le monde étant plus que jamais interdépendant, ces deux-là aurait bien tort de ne pas trouver comment se réconcilier. Personnellement je nourris le rêve que les tensions débouchent sur l’ère du compromis, d’un équilibre des forces économique et politique, de l’ordre dans le chaos et du métissage dans l’ordre. D’un équilibre entre ancrage et mouvement.

L’objectif de cette première partie du voyage consiste donc à sonder l’état du monde mobile, à travers le prisme de la compétition Réseau-Territoire, et à démontrer en quoi les crises actuelles sont le résultat de la tension entre les poussées mondialisantes de l’économie en réseau et des hommes mobiles qui la suivent, et des poussées démondialisantes de la politique territorialiste et des hommes ancrés qui la soutiennent. J’ai glissé également au milieu du récit quelques portraits de nomades contemporains et de types de mobilités, pour illustrer, respirer, tenter de démontrer que la mobilité est un phénomène qui s’appréhende globalement.