Octobre 2014

 

Durant le trajet qui me mène de New York à Montréal, les yeux rivés sur le défilé majestueux des paysages automnaux, je rêve du Canada. Le Canada, une première pour moi. Sauf que le Canada fantasmé, celui des grands espaces, des lacs et des réserves, je n’en verrai pas davantage que ce que l’itinéraire du mythique Adirondack m’aura fait deviner. Car sitôt débarquée, c’est un Canada urbain que je m’apprête à explorer.

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Je vais commencer par ce Québec vers lequel nous sommes irrémédiablement attirés, nous Européens francophones, mais contourner ses mythes pour me concentrer sur ce qu’il compte de plus urbain : Montréal. C’est donc en ville que je vais enfin rencontrer ces cousins québécois dont je ne connais guère que les chansons. Montréal se présente comme la ville la plus européenne du continent nord-américain. Comme un savant mélange d’urbanismes anglo-saxon et européen, le tout noyé dans l’immensité forestière du Québec. Un imaginaire composé de skyline, de vieilles pierres et de parcs où gambadent des écureuils.

Agglomération qui compte plus d’un tiers de représentants du monde, Montréal a aussi la réputation d’être une ville très cosmopolite. Pourrait-elle être la Cosmopolis ? C’est ce que je vais m’attacher à découvrir en tentant, à peine en escale, tout juste en transit, de prendre le pouls de son identité, en me basant sur mes  sensations, mon intuition, en privilégiant d’abord le feeling.

Et en débarquant à Montréal, la première chose qui me frappe, c’est l’atmosphère plus régionale que cosmopolite qui se dégage de cette métropole. J’ai le sentiment d’être au Québec, pas dans une Ville-Monde. Je prends conscience que par rapport à New York, à Montréal une nouvelle variable entre en jeu : l’identité régionale. Dans ce cas précis, une identité francophone québécoise dont les Montréalais semblent imprégnés.

Voilà pour la première impression. Maintenant, avant de m’étaler sur mes émotions, creusons un peu  historiquement la question…

Le Canada appelle le Monde

Pays formé de plusieurs couches de populations – peuples autochtones, groupes fondateurs francophone et anglophone, immigrés du monde entier – le Canada mène encore aujourd’hui une politique d’immigration active, avec l’entrée de 200 à 250’000 résidents par année. Politique d’immigration active qu’il a adopté dès 1869, avec l’objectif d’augmenter sa puissance en augmentant sa population. Cependant, le Canada n’a pas échappé au double tournant du XXème siècle, à savoir la vague de migrations massive et le débat en découlant sur les questions de capacité d’absorption et de cohésion, dans un Canada alors à majorité blanche et chrétienne. Tout comme aux États-Unis, ces tournants vont aboutir à une discrimination sur les origines, qui prendra fin en 1967, dans une période de forte croissance économique. Le Canada va mettre en place un système à points, toujours en cours aujourd’hui, et basé entre autres sur les compétences, le niveau d’instruction et les revenus des candidats à l’immigration.

Le Canada qui connaît une explosion de l’immigration depuis les années 1990, n’a pas échappé non plus au trend de fermeture idéologique des années 2000, et privilégie désormais la délivrance de visas temporaires au statut de résident permanent. Le pays a également adopté une révision de la loi sur l’asile. Au-delà des prérogatives spécifiques du Québec, chaque province possède dans une moindre mesure une marge de manœuvre pour sélectionner les migrants selon ses besoins économiques et démographiques.

Le pays a connu ces dernières décennies une extrême diversification des flux, voyant diminuer la part des Européens et augmenter les migrants originaires d’Asie, d’Amérique du Sud et des Caraïbes. En 2011, 20% des Canadiens sont nés à l’étranger (contre 12% des Américains), et 19% de la population s’est identifiée lors du recensement comme « minorité visible » (« les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche » (Dictionnaire des migrations internationales, 488)). Selon le recensement canadien de 2006, les « minorités visibles » identifiées sont : Sud-Asiatique, Chinois, Noir, Philippin, Latino-Américain, Arabe, Asiatique du Sud-Est, Asiatique occidental, Coréen, Japonais. (http://www.statcan.gc.ca)

Le multiculturalisme canadien

« Le gouvernement fédéral reconnaît que la diversité de la population canadienne sur les plans de la race, de la nationalité d’origine, de l’origine ethnique, de la couleur et de la religion constitue une caractéristique fondamentale de la société canadienne et qu’il est voué à des politiques du multiculturalisme destinées à préserver et valoriser le patrimoine multiculturel des Canadiens tout en s’employant à réaliser l’égalité de tous les Canadiens dans les secteurs économique, social, culturel et politique de la vie canadienne. » (Préambule à la Loi sur le multiculturalisme de 1971, in De la mosaïque à l’harmonie : le Canada multiculturel au XXIème siècle)

Premier pays à avoir adopté une politique dite du multiculturalisme en 1971, le Canada a érigé la diversité comme symbole. A l’origine, le multiculturalisme devait répondre à l’objectif d’intégrer à la fois les populations autochtones, les francophones, les anglophones et les minorités dans un sentiment d’unité nationale, et d’offrir à chacun de ces groupes une place dans le roman canadien. Depuis 1971, les politiques de diversité ont connu différents stades, passant d’une célébration et une promotion des différences avec la mise en avant de l’ethnicité, à une gestion de la diversité basée sur l’équité et la lutte contre les inégalités.

Désormais, après quelques décennies de pratique et un multiculturalisme aujourd’hui controversé, le Canada s’est fixé comme objectif pour le XXIème siècle de faire fusionner la mosaïque des communautés. Le gouvernement a pris acte des limites du multiculturalisme et de ses effets pervers que sont la division et le cloisonnement. Non seulement il a accentué une image du « nous » versus « eux », mais il laisse toute une partie de la population de côté, dont les familles interculturelles, et tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans un patrimoine ethnique unique. Cette politique doit en outre évoluer pour prendre en compte toute une génération multiculturelle, à l’identité à la fois locale et transnationale, et qui ne trouve pas sa case dans les classifications nationales.

Le multiculturalisme reste un idéal mais il doit évoluer. Il est donc entré dans une nouvelle phase marquée par une volonté d’inclusion de tous dans une société canadienne unifiée. Il ne s’agit pas d’assimiler, mais d’intégrer et faire fusionner les différentes composantes de la société. Pour substituer l’harmonie sociétale à l’éclatement communautaire, et alors que le débat a beaucoup évolué vers la question religieuse et la stigmatisation de certaines minorités, le multiculturalisme se donne comme objectif de privilégier l’interculturalisme et la recherche de valeurs communes au sein de la pluralité.

Malgré les débats et certaines tendances globales quant au sentiment anti-immigrés, le Canada diffère de la France dans sa vision de l’immigration, qui fait ici partie du roman national. Une politique du multiculturalisme reste impensable dans une France qui promeut un idéal républicain et a confié la question de l’immigration au Ministère de l’Intérieur. Au Canada, où la gestion de la diversité est basée sur la reconnaissance de la pluralité, la mission est confiée au Ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration.

Voilà pour le contexte national. Descendons maintenant d’un échelon pour tenter de saisir les enjeux québécois à travers les particularités de sa politique de gestion de la diversité.

La recherche d’équilibre québécois

On ne peut pas comprendre la relation du Québec à sa diversité sans aborder l’Histoire identitaire de cette province. Quand la Nouvelle-France est abandonnée en 1763, elle devient une part d’un empire anglo-saxon. Les Francophones seront désormais eux aussi circonscrits dans une « réserve » à laquelle ils vont fortement s’identifier. Entre « Revanche des berceaux » et « Révolution tranquille », la communauté francophone, qui balance entre velléités d’indépendance et velléités de distinction, n’a jamais été assimilée à la culture canadienne anglophone majoritaire. En 1994, le référendum pour l’indépendance est refusé à un cheveu, avec 49,4% de oui. Aujourd’hui, la menace de dilution culturelle existe toujours et la part du français diminue au niveau national. Du reste, on assiste à un renouveau du nationalisme québécois, qui peut-être par pragmatisme prend davantage la forme d’un nationalisme culturel que politique.

Les Québécois francophones possèdent depuis toujours une personnalité collective forte, renforcée dès la fondation de la province par la religion. Ces descendants de la Nouvelle-France, qui baignent dans un océan nord-américain ont en outre développé une mentalité très différente de celle des Français. Même leur langue commune diverge par de nombreuses expressions. Le Québec dans sa logique de préservation identitaire francophone a également la particularité de traduire tous les anglicismes. A Montréal, les quartiers ethnoculturels n’échappent pas à la règle, comme à Chinatown où le désormais célèbre « Bubble tea » taïwanais s’est transformé en « Thé aux perles » !

Au cours de l’Histoire, le Québec n’a eu de cesse de montrer de la méfiance à l’égard de la gestion fédérale de l’immigration, et les Canadiens francophones ont développé une « idéologie de la survivance » (Dictionnaire des migrations internationales) identitaire, pour préserver l’équilibre démo linguistique de la province. Le Québec qui craint l’anglicisation, obtiendra du gouvernement fédéral de pouvoir sélectionner les immigrés selon ses propres critères, et privilégiera les immigrés francophones. Le Québec se montrera également méfiant à l’égard de la politique du multiculturalisme, ayant peur que celle-ci dilue les Francophones dans la mosaïque canadienne, faisant d’eux une simple minorité ethnoculturelle parmi d’autres. La province va donc adopter une politique de gestion devant permettre de trouver un équilibre entre culture québécoise francophone et diversité. Outre la participation civique et la reconnaissance du pluralisme, cette politique est basée sur un contrat portant sur la pratique du français.

Aujourd’hui encore les spécificités migratoires de la province diffèrent des tendances nationales. Ainsi, en 2011, alors que la tendance nationale va vers une asiatisation des flux migratoires, le Québec voit augmenter d’abord les migrants en provenance d’Haïti, du Liban ou du Maghreb. En ce qui concerne le multiculturalisme, la « convergence culturelle » québécoise a également laissé place à la recherche de valeurs communes et aux questions de citoyenneté. On retrouve cette évolution à travers le changement de nom du Ministère québécois chargé des questions d’immigration. Le « Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles » a laissé la place au « Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion ».

Les débats qui agitent dernièrement le Québec n’ont pas les mêmes échos dans le Canada anglo-saxon. Ils portent principalement sur les « accommodements raisonnables », et la peur progressive de voir croix chrétienne et sapins de Noël disparaître dans l’espace public, et les revendications communautaires religieuses augmenter. Une « crise des accommodements raisonnables » à laquelle a répondu en 2013 le Parti québécois avec une « Charte des valeurs québécoises », interdisant notamment le port de signes religieux dans la fonction publique.

Rendez-vous mondial à Montréal

C’est donc dans cette configuration, ou plutôt sur ce champ de bataille culturel infranational, que sont venus s’ajouter les nouveaux arrivés de Montréal, plus grande ville du Québec où les deux anciens colons se font face. Un Grand Montréal qui se révèle un des principaux pôles d’immigration d’Amérique du Nord, et où 86,5% des immigrants récents au Québec s’y sont installés. Pour les 33% de la population de l’agglomération et les 23,2% du Grand Montréal (2011) nés ailleurs qu’au Canada, Montréal est tout sauf une toile vierge où puissent s’inscrire aisément les nouvelles identités. Des identités qui à l’image des origines des migrants, sont extrêmement diversifiées. Avec comme nations les plus représentées l’Italie, Haïti, l’Algérie, le Maroc, la France, la Chine, le Liban, le Vietnam, les Philippines.

Montréal, carrefour identitaire

J’ai donc débarqué sur une île où la question de l’identité n’est pas un enjeu apparu avec l’accentuation de la mondialisation, mais un enjeu ancré. Ici, l’identité culturelle a depuis toujours été un enjeu politique. Montréal, ville multiculturelle certes, mais ville québécoise d’abord. Cœur d’un Québec francophone noyé dans un océan anglophone. Un Québec dont l’Histoire est marquée par la question identitaire, entre déni et réhabilitation des cultures autochtones, lutte ethnolinguistique des Francophones, accueil et résistance à l’égard des cultures importées.

Montréal se présente donc comme une ville multiculturelle incluse dans une région très fortement marquée identitairement, elle-même incluse dans une fédération anglo-saxonne, elle-même ouverte en direction et dans l’accueil du monde. Montréal cherche son équilibre entre identité urbaine, régionale, nationale, mondiale. Elle doit relever le défi de fusionner identité urbaine mondialisée et identité régionale marquée. Montréal, une hybride à cheval entre plusieurs mondes. Entre la francophonie et le monde anglo-saxon, entre la région et la nation, entre le monde et les mondes. Montréal doit doser entre identité québécoise francophone, identité anglo-saxonne, et identités des communautés culturelles. Bricoler entre urbanité en explosion, région à défendre, nation à laquelle s’identifier, ouverture à la mondialisation, et inclusion des communautés culturelles ajoutées. Montréal tâtonne et les migrants jonglent entre une identité montréalaise, québécoise, canadienne, transnationale, et l’identité de leur lieu d’origine.

Le rapport de force entre Francophones et « colons » anglophones au Québec semble particulièrement prendre corps à Montréal, où il m’a été fait écho de la guerre culturelle qui les oppose. Les Francophones reprochent aux Anglophones de ne pas faire d’efforts pour adopter une langue et une culture dont ces derniers estiment quant à eux ne pas avoir besoin. De cette cohabitation pourrait émerger le meilleur des deux mondes. Or les protagonistes, inconscients du potentiel à exploiter, se tournent le dos. Cette richesse culturelle, on la goûte néanmoins en tendant l’oreille aux accents de la ville, parsemée de switchy talks pratiqués par une foule d’hybrides symboles de cette mixité linguistique, d’Anglos-Francos impossibles à identifier tant ils switchent constamment entre anglais et québécois.

En ce qui concerne les immigrants, Montréal est réputée la moins intégrative des trois métropoles multiculturelles canadiennes. Avec une mentalité se rapprochant davantage d’une métropole régionale que d’une ville mondiale. Une métropole régionale trop occupée à lutter pour défendre son identité francophone pour se compliquer à complexifier encore une identité aux fondements qui restent perpétuellement à assurer. Comment intégrer l’extérieur alors que simultanément il s’agit de se battre pour s’imposer à l’intérieur ? Comment assimiler quand on lutte constamment contre sa propre assimilation ? Montréal donne un peu le sentiment d’être une ville multiculturelle un peu malgré elle. D’une ville dans laquelle des flux migratoires sont venus s’ajouter, simplement cohabiter sans toutefois fusionner avec elle. Comment fusionner des enclaves dans une enclave en lutte ? Montréal donne cette impression, mais offre en même temps un décor mondialisé dans lequel les populations semblent très bien évoluer.

Montréal, reflet d’une société canadienne pas homogène sur laquelle sont venues se greffer des communautés. Montréal, reflet d’une hétérogénéité culturelle et linguistique intra-nationale, sur laquelle sont venues s’ajouter d’autres divisions… Montréal apparaît donc comme un film dont le montage ne serait pas achevé, avec des scènes qui s’enchaînent, ça et là des fondus-enchaînés, mais dont le mixage définitif ne serait pas arrêté. Comme si la formule mixant toutes ces facettes au potentiel fusionnel incroyablement stimulant n’avait pas encore assez macéré, nécessitant encore davantage de cet élément essentiel qu’est la variable temps.

Les ajoutés sont eux peut-être plus occupés à vivre leur quotidien, à subsister, à prospérer, à oublier ou à jongler avec leur propre héritage identitaire, qu’à se demander où se situer dans ce bras de fer identitaire québécois. Qu’à compter le nombre de mots anglais employés. Souvent ils n’ont pas choisi de venir ici plutôt qu’ailleurs, mais ont naturellement émigré vers un  lieu où on leur offrait la possibilité d’obtenir des papiers. Ce tourment identitaire-là sera le tribut de leurs enfants binationaux.

Mobility Issues : back Home ?

Au-delà du casse-tête identitaire québécois, la question des migrants et de l’identité flotte dans l’atmosphère et rejaillit sur le débat public. Assez vite, je réalise que cette deuxième escale nord-américaine semble bien décidée à me faire effectuer un retour mental vers les débats pesants du vieux continent.

Ça a déjà commencé dans le train entre New York et Montréal avec mon voisin de siège, un Londonien ayant littéralement envoyé deux de ses trois enfants à l’étranger. Motif ? En gros, la Grande Bretagne est trop chère, les musulmans veulent y imposer la charia, et le gouvernement est uniquement intéressé par les votes. Il déplore également l’absence d’identification et de sentiment d’appartenance des immigrés à la nation britannique. Il ne comprend pas pourquoi la Grande Bretagne diffère tant des États-Unis où « all this people, they are all American first. They feel American And something. » Il effectue donc son voyage nord-américain annuel, qui le conduit de New York où s’est installé son fils, à Montréal où vit sa fille. Sa fille et son conjoint ont décidé de rester au Québec pour sa qualité de vie familiale et matérielle, malgré la difficulté d’être éloignés de leurs proches. Son fils mène lui la parfaite existence du chirurgien workalcoholic new yorkais. By the end of the journey, mon voisin s’était mis en tête de me le présenter. Mais comment un esprit métis pourrait  « fit » in a family dont le patriarche, parfaite incarnation de l’esprit tribal, est surtout obsédé par l’immigration des autres ?

La question migratoire et ses échos vont ensuite se rappeler à nouveau à moi via la télévision cette fois, par le biais d’un débat surnommé « Les Québécois sont-ils xénophobes ? » sur lequel je vais tomber. Le Québec serait-il un entre-deux-mondes aux problématiques assez peu… anglo-saxonnes ? Tout comme en Europe, l’immigration apparaît comme un sujet sensible qui occupe majoritairement le débat public. J’entends les protagonistes affirmer que le malaise grandit entre les Québécois dits de souche et les Québécois dits immigrés. Les débats du cru ? Je monte le son… Voilà… Ils portent sur les accommodements raisonnables, la Charte de la laïcité, la discrimination à l’emploi. 82% des téléspectateurs répondront par l’affirmative au sondage portant sur la question de la xénophobie des Québécois effectué pendant l’émission.

Les intervenants affirment qu’il faut tout faire pour que le Québec ne verse pas dans le même climat que l’Europe. Seulement, en les entendant, je n’ai pas l’impression d’en être très éloignée… Ils se demandent « Qui est nous ? », parlent de pédagogie de la laïcité, de crise, d’évolution du profilage raciste, des quartiers Nord de Montréal, … D’un autre côté on fait remarquer qu’il y a plus d’une façon d’être québécois et aussi une façon québécoise d’être musulman. Qu’on peut très bien manger de la poutine au couscous. Que les immigrés qui viennent pour l’éducation ou l’emploi contribuent aussi à la société québécoise, que le processus est bilatéral. Que de plus les identités évoluent, et le métissage est une réalité, qui devrait aussi prendre corps dans les médias. Que Mohamed Trembley c’est le meilleur des deux mondes, ou que quand Tremblay sera le seul en classe, la question ne se posera même plus. Qu’enfin, l’immigré est avant tout un citoyen, et un citoyen québécois avant d’être canadien. Un citoyen qui est certes accueilli, mais dans un processus gagnant-gagnant, participe à sauver la souveraineté du Québec.

Mon intuition sur le climat québécois sensible relatif à l’immigration trouvera confirmation au détour d’un article sur les quartiers ethniques montréalais qui dit ceci : « Il l’est tout particulièrement depuis le retour en force de la question nationale et du débat linguistique. La présence des immigrants, et plus largement des « communautés culturelles », interpelle de surcroît les référents identitaires du Québec et les fondements du nationalisme. Ainsi, ici comme ailleurs, l’agenda de la vie politique québécoise et la médiatisation qui l’accompagne induisent une surpolitisation de la question de l’immigration internationale. » (Germain, 1999, 11)

Pour ma part, c’est en foulant le pavé que je préfère me faire une idée sur la question de la religion dans la mondialisation. En villes mondiales, on trouve des Halal Express, des Fallafel Express et autres Hooka Lounge. On croise des groupes de filles qui portent le foulard et fument la chicha aux terrasses des cafés. Et on voudrait nous faire croire que les musulmans ne sont pas entrés dans la modernité hybride mondialisée ?

Quoi qu’il en soit, ces premières escales imposent déjà une première révélation. On retrouve les mêmes débats, les mêmes problématiques sur les deux continents. En Suisse, en France, en Europe, dans le train, au Québec, et même à New York qui suit la tendance de la politique nationale… A ce stade-là de mes errances, je commence à douter. Où est la Cosmopolis ? Dans les idéologies, elle semble bien cachée. Heureusement, le bitume est là pour apporter empiriquement son démenti… Malheureusement ce climat ne devait pas s’inverser lors de mon séjour, qui aura été marqué par deux attentats à revendications djihadistes sur sol canadien, dont une attaque du Parlement à Ottawa, laissant un Canada en état de guerre.

State of Mind

Voilà pour l’état d’esprit politique général… Et qu’en fut-il du mien ? Je pense avoir moi-même vécu une période de fermeture, non pas au monde, loin s’en faut, mais à cette ville. On dit qu’on parvient difficilement à modifier une première impression. Ô combien j’espère qu’on dit faux.

First impressions

Après une arrivée euphorique encore toute habitée des paysages traversés durant la journée, euphorie accentuée par les airs de jazz du club de mon nouveau quartier, … le réveil se fit moins en fanfare. Je me réveille malade, faible, et dans un silence religieux. Fatigue accumulée. Vidée par New York. Après l’été indien, je débarque dans une Montréal en proie à une vague de froid.

Après New York, Montréal est un choc culturel. Différentiel de densité, d’énergie, de mentalité. Je m’aperçois de surcroît que ces Québécois tant vus à la télé, je ne les connais pas du tout en fait ! Je parle français mais… L’imaginaire ne m’avait rien dit. Ce nouvel environnement et les gens me semblent insaisissables et opaques. Je me sens même dépaysée lors de ma traditionnelle visite sociologique au supermarché. Je baigne ici dans une totalement différente énergie. Affable. Ordrée. Oui, c’est cela, c’est une question d’énergie. Je loge en haut de Saint-Denis, entre Plateau et Quartier Latin. Formellement, architecture, agencement et esthétique m’ont d’emblée charmée. Mais cette impression est annihilée par pluie de giboulées et visages rentrés. Le centre-ville semble s’être vidé de ses habitants. J’entends certes parler un peu espagnol et anglais, mais dans cet espace parsemé de quelques âmes clairsemées, la multiculturalité n’est certainement pas ce qui frappe d’emblée. Dans ce centre commercial Desjardins lui aussi vide, quelques messieurs âgés appartenant à la minorité culturelle chinoise jouent aux dominos dans le Food Court.

Après l’américanisme très facile d’entrée où je me suis mêlée à la ville sans autre difficulté, après le temple du style new yorkais, j’ai l’impression d’avoir été catapultée dans une atmosphère beaucoup plus provinciale, dans le temple de la simplicité, où l’approche est plus brusque, franche, directe. Je n’éprouve guère l’envie de converser. Et j’ai troqué mon spartiate habitat new yorkais contre un studio tout confort, ce qui certes me soutient dans ma faible condition physique mais pas dans mes velléités d’ouverture. Allez, courage, perçons cette cité !

Le séjour va se poursuivre sous le froid, le vent et la pluie. Je découvre que le voyage est ponctué de phases et que parfois on traverse des périodes où on a tout simplement moins l’envie, la force ou l’énergie d’aller vers l’autre. Micro période de vide, de fatigue. Creux du voyage. Et mon état d’esprit va osciller entre intérêt géographique et repli émotionnel. Appréciant vraiment certains lieux, sans toutefois avoir le feeling avec la ville et ses habitants, malgré toutes les bonnes choses que je dois leur concéder. Montréal et moi c’est d’abord un manque de feeling avec la météo et la configuration de l’espace. Pas eu le feeling avec la grille, le pavé. Et besoin de plus de temps pour qu’on apprenne à se connaître et qu’on s’apprivoise, les Québécois et moi. Besoin de temps, alors qu’en transit éphémère à Montréal, j’ai plus que jamais le sentiment de faire du cabotage.

While I’m walking around…

Ma première impression est celle d’une ville de culture, une ville où la culture semble occuper une grande place et une multitude de lieux, entre théâtres, cinémas, petites scènes musicales, librairies et cafés. Une culture célébrée aussi dans des espaces éphémères, à travers les innombrables festivals qui ponctuent l’année. En parcourant Saint-Denis, le Quartier latin et le Vieux Montréal, Montréal se révèle avant tout comme une ville de quartiers aux identités marquées, traversés d’innombrables enseignes colorées qui rivalisent d’originalité et ravissent les pupilles. Montréal se révèle en outre un paradis pour épicuriens. « Ici, on adore manger ! Vous trouverez vraiment tout ce que vous voulez ». Nourritures du monde entier, spécialités régionales et brasseries artisanales se partagent le pavé. Beaucoup d’églises, beaucoup de crêperies, des charmants petits cafés partout, des brasseries. Je me dis que l’été Montréal doit être une ville vivante et chaleureuse avec ses innombrables terrasses, sa pléthore de festivals, ses îles-parcs, … Ses enseignes sont un plaisir pour les yeux, chaque place à manger possède une véritable identité, un indéniable charme. A cela on peut ajouter sa place des Arts et son architecture moderne, et tant de choses à apprécier. Oui, mais voilà, malgré tout, le feeling n’est pas vraiment au rendez-vous. Nos énergies ne sont pas au diapason.

Oui, malgré toutes les nice places, nice sides that I could have spotted, ce mini-séjour m’a défaite, allez savoir pourquoi. Peut-être que tout voyage répond forcément à une temporalité, où se succèdent les états d’esprit, et que Montréal fut une étape, une séquence temporelle, avec ses propres contingences émotionnelles. A Montréal j’ai pris acte de ma totale liberté, et me suis questionnée sur le regard de l’hôte ancré dans son identité et sa maison vis-à-vis de l’errante. A Montréal j’ai mesuré l’importance de l’intendance et la nécessité de rester focus qui empêchent de totalement se laisser aller. A Montréal, j’ai découvert la réalité du voyage-cabotage, qui consiste à passer toute la journée à observer, emmagasiner un maximum de sensations, d’images et de conversations, et passer ses soirées à retranscrire et à creuser. A Montréal, j’ai dû m’employer en un court laps de temps à perfectionner la méthode de collecte d’émotions et d’informations. A Montréal, des questions ont taraudé ma solitude, comme est-ce qu’on ne partirait pas toujours pour se réinstaller, ne serait-ce que fugacement, quelque part ? Créer un nid éphémère pour ne pas vivre seul ? Je n’ai pour ma part aucune intention de m’installer, je suis venue chercher à manger, je suis venue chercher de l’inspiration.

Parfois un lieu se ferme à vous, parfois la rencontre ne se fait pas, parfois on peut passer à côté. Dans tous les cas, tout lieu demande du temps pour s’appréhender. On verra plus tard comment ma cohabitation avec Montréal a évolué. En attendant, on va parler de cohabitation territoriale. On va voir un peu d’abord grâce à deux auteurs comment les grandes villes canadiennes et plus particulièrement Montréal cohabitent avec le monde.

Stratégies résidentielles et cohabitation

Dans sa foisonnante étude sur la fabrication du paysage urbain canadien, Xavier Leloup montre que la variable ethnoculturelle joue un rôle dans le paysage des grandes métropoles canadiennes, qui ont connu une explosion de l’immigration depuis les années 1990 (« Vers la ville pluraliste ? Distribution et localisation des minorités visibles à Montréal, Toronto et Vancouver en 2001 », 2007).

S’agissant des comportements résidentiels des immigrés dans les métropoles canadiennes, il relève deux tendances majeures. La première concerne la tendance à la concentration des minorités. Concentration qui s’observe durant chaque période d’immigration intense et qui n’a donc rien d’unique dans l’Histoire. Comme on l’a déjà mentionné, pour les migrants, les quartiers ethnoculturels et les réseaux transnationaux fonctionnent comme points d’ancrage, relais-refuge, plaque tournante, lieux offrant multiples ressources et possibilité de ressourcement. Mais au-delà de cette tendance de fond, l’auteur souligne la diversification des stratégies résidentielles des immigrés, la concentration elle-même revêtant des réalités plurielles. L’autre grande tendance est le phénomène de suburbanisation des minorités. La concentration associée à la dispersion aboutit donc à la formation de communautés ethnoculturelles dans les zones résidentielles.

Vraisemblablement, les stratégies résidentielles actuelles observées dans les métropoles canadiennes s’éloignent du modèle assimilationniste de l’Ecole de Chicago, et se rapprochent davantage d’un « modèle pluraliste d’intégration », où la concentration peut constituer un mode d’insertion et non une étape obligatoirement à dépasser (Leloup, 2007). Cette complexification des comportements résidentiels des immigrés découle de plusieurs facteurs : une diversité accrue des immigrés, leurs rapports différents à l’espace, la répartition des emplois entre centre et périphéries, le tout dans des villes post-industrielles mondialisées. Par contre, selon Xavier Leloup, cette tendance à l’enclavement et au regroupement n’aurait pas forcément de lien avec la politique multiculturaliste canadienne.

Outre l’évolution et les tendances contemporaines des comportements résidentiels, le chercheur a constaté  qu’il n’y a pas forcément corrélation entre immigration, pauvreté, et concentration des immigrés dans les zones géographiques pauvres, autrement dit entre ségrégation ethnique et concentration de la pauvreté. Les métropoles canadiennes n’abritent pas de quartier de type ghetto (regroupement associé à dimension de pauvreté et d’assignation). Malgré tout, certains groupes se retrouvent néanmoins défavorisés dans le marché du logement, et confinés dans des espaces précarisés et dégradés.

Xavier Leloup a opéré une classification des quartiers selon différents niveaux d’enclavement ethnique….

  1. Isolé = < 20% minorités visibles dans le quartier
  2. Non isolé                 = entre 20% et 50% de minorités visibles
  3. Enclave pluraliste = entre 50% et 70% de minorités visibles
  4. Quartier minoritaire mixte = > 70% de minorités visibles sans groupe dominant
  5. Quartier minoritaire polarisé = > 70% de minorités visibles avec un groupe dominant

(un groupe = >60% ensemble des minorités visibles)

  1. Ghetto = quartier polarisé + pauvreté

… et après avoir appliqué cette classification aux quartiers urbains canadiens, en a conclu que l’ampleur du phénomène d’enclavement des minorités était à relativiser. Les villes canadiennes sont par exemple moins ségréguées ethniquement que leurs voisines américaines.

Les comportements résidentiels des migrants à Montréal correspondent à ces tendances observées dans les autres grandes métropoles canadiennes, avec cependant un enclavement moindre et une plus grande concentration des immigrants dans des quartiers plus proches du centre.

Cohabitation montréalaise

Annick Germain confirme cette ethnicisation suburbaine à Montréal, mais met l’accent sur une tendance à l’augmentation des quartiers multiethniques (« Les quartiers multiethniques montréalais : une lecture urbaine », Annick Germain, 1999).  Quartiers où il règnerait une cohabitation interethnique à la fois « pacifique et distante ». Typologie qui renferme une grande diversité de situations.

Quartier multiethnique : quartier où les minorités sont majoritaires. Doit posséder plus du tiers de sa population qui soit immigrante et compter une grande diversité dans les origines ethnoculturelles. Permettent un entre soi des minorités, sans pouvoir d’un groupe dominant. Dément le principe des invasions successives sur l’espace, mettant l’accent sur la cohabitation plutôt que la succession des populations. (« Les quartiers multiethniques montréalais : une lecture urbaine », Annick Germain, 1999)

Parmi la multiplicité des quartiers multiethniques montréalais, sept vont nous être révélés à travers les portraits d’Annick Germain. Un quartier central et pauvre, Parc Extension. Quartier d’enracinement historique de la communauté grecque, devenu quartier d’accueil et de transition de populations du monde entier. Un quartier en mutation, le quartier Nord Côte-des-Neiges. Ancien quartier juif, quartier d’accueil d’immigration récente, quartier à la fois de transition et d’enracinement. Un quartier tourmenté, La Petite-Bourgogne. Un quartier cosmopolite, le Mile End. Un cas d’homogénéisation ethnique, le quartier de Chameran qui concentre des populations nord-africaines et moyen-orientales. Enfin le quartier « S » à Brossard, un quartier multiethnique de type banlieue-dortoir, qui voit apparaître un embryon d’ethnoburb développé par la communauté chinoise.

Compléments typologiques

Annick Germain propose des définitions qui nous permettront d’employer une terminologie plus heureuse que ce que j’avais pu appeler à New York  « enclaves culturelles commerciales » ou « enclave historique ».

Ethnoburbs, « enclaves ethniques composées de secteurs résidentiels et d’affaires situés en banlieue ; résultat de gestes délibérés de groupes ethniques qui veulent créer leur propres emplois et marchés de consommation pour se tailler une place au sein de contextes socio-économiques et géopolitiques nationaux et internationaux plus larges (Li, 1994, in « Les quartiers multiethniques montréalais : une lecture urbaine », Annick Germain, 1999).

Quartier fondateur, soit « un « espace de traduction » entre la société d’origine et la société d’accueil où l’immigrant s’organise et s’installe. Il reste également un lieu de ressourcement et un lieu-repère pour ceux qui le quittent pour s’installer ailleurs ». (Rémy, 1990, in « Les quartiers multiethniques montréalais : une lecture urbaine », Annick Germain, 1999).  Un quartier fondateur s’oppose ainsi à un quartier de transition.

Bribes de paysage urbain montréalais en photos

Quittons le papier pour battre le pavé. Partons maintenant dans les rues de Montréal pour voir comment s’exprime le caractère composite de cette ville. En arpentant ses quartiers, il semblerait que cette ville puisse contribuer bien plus que ce que j’avais d’abord imaginé à la réflexion du Projet Cosmopolis. Montréal, on l’a abordé, se révèle comme une ville partagée dans son identité. Observons maintenant comment elle se partage spatialement et comment elle intègre sa diversité. Scrutons la territorialité montréalaise, ses espaces et ses territoires, ses dynamiques de cohabitation, ses traces d’hybridités.

Organisation spatiale générale

Située sur une île, la ville est divisée entre Est et Ouest par le Boulevard Saint-Laurent. La rue Saint-Denis traverse elle aussi le cœur des principaux quartiers centraux.

Centre-ville

4Animé et dynamique, centre du business et des commerces, le centre-ville constitue l’espace par excellence. Il est traversé par la célèbre « Catherine », son artère emblématique, qui concentre enseignes populaires et commerces plus alternatifs ainsi que commerces érotiques dans sa partie est, vers Saint-Denis. Le centre-ville comprend aussi la place des Arts 3et ses salles de spectacles, cinémas, musées. Dans le périmètre, on trouve aussi le Centre Bell, emblème d’une passion nationale cette fois, le hockey, véritable étendard culturel qui lie la nation.

Le centre-ville c’est enfin le Downtown, la ville nord-américaine, avec sa verticalité et sa culture. Temple des marques et des complexes de centres commerciaux. Dans une métropole située dans une province qui lutte pour ne pas se perdre dans un univers nord-américain, le Downtown, espace mondialisé et neutre de nos villes, revêt ici une autre connotation. Le Downtown est connoté identitairement, le Downtown est le symbole d’un monde anglo-saxon dans lequel la francophonie se fond…

Dans ce centre, beaucoup de chantiers en cours. Vers Saint-Denis, pas mal de devantures affichent des panneaux “à louer”. Excepté au cœur du Downtown, on découvre un centre-ville relativement aéré, ponctué çà et là de terrains vagues. Des profils socio-économiques très éclectiques se partagent le trottoir, allant des hommes d’affaires en costumes aux  SDF et marginaux. D’une manière générale, la Montréal marginale n’a pas été évincée du centre, la ville n’est pas aseptisée.

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Conditions climatiques obligent, la grande spécificité du centre-ville montréalais reste sa ville souterraine. La plus grande au monde, elle relie pratiquement l’entier du centre.

Bravant pluie, vent et giboulées, mon cœur balance entre smoked meat, gaufres géantes-fruits-chantilly, ou comptoir ethno-végétarien (fusion des cuisines ethnique et bio) qui propose tofu grec, seitan chinois ou quinoa.

Quartier Latin et Village

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Le Quartier Latin offre un mélange de bars, pubs, restaurants populaires et ethniques, le tout dans une esthétique soignée et colorée. Les devantures rivalisent d’inventivité et de charme sur une toile de fond architecturale uniforme. Ce quartier aurait presque des allures de Dysneyland. A côté de ses nombreux lieux de culture, on découvre son culte des terrasses. Au niveau démographique, il faut mentionner une présence étudiante très marquée avec l’UQAM, ainsi qu’une présence relativement importante de marginaux au sud du quartier. Juxtaposé à ce dernier, on trouve Le Village, quartier festif et branché, centre de la communauté gay.

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Mon cœur balance entre un chocolatier, une soupe then-thuk tibé12taine, des spécialités péruviennes, une poutine dans un bar à blues. J’opte finalement pour le Cronut, symbole de la fusion des mondes nord-américain et français. Enfin dans un premier temps du doghnut et du croissant…

 

 

Sud : Vieux-Montréal, Vieux-Port, Chinatown

Quartier d’Histoire, de tourisme et de loisirs, le Vieux-Montréal et le Vieux-Port se relèvent être des espaces de convergence. Le Chinatown oscille lui entre tourisme, histoire et communauté, entre espace et territoire.

Chinatown. Micro enclave coupée de la ville par une autoroute et le développement des constructions. En fait enclave asiatique et pas uniquement chinoise, comptant notamment passablement d’enseignes taïwanaises. Même à Chinatown les inscriptions des enseignes sont toutes francisées ! Preuve que l’enclave s’inscrit toujours dans la politique du lieu, compose et joue avec ses règles. Mais l’enclave importe aussi souvent la politique du lieu d’origine. Ainsi, un groupe s’affaire à une distribution de tracts pour sensibiliser sur l’existence d’une branche religieuse persécutée en Chine.

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Pour atteindre le Vieux-Montréal via le Champ de Mars quand on a fait un détour par Chinatown, on doit traverser une autoroute et une portion de ville qui ressemble à un immense chantier à ciel ouvert.

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On atteint ensuite le very charming Vieux-Montréal. Centre historique, très touristique. Ville à « l’européenne » qui fait la fierté de Montréal. Présence discrète du Monde mobile par petites touches ethniques et de la vague vintage qui s’est également invitée dans le quartier. Contraste étonnant avec le Downtown. Reflet de la richesse et la complexité identitaires et territoriales  de  Montréal.

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Vieux Port. Gigantisme, paysage industriel réhabilité.

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Parc Jean-Drapeau

Autre espace de convergence. Ces îles temples de loisirs concentrent casino, activités sportives, Biosphère, Biodôme, musées et parc olympique.

Ma visite s’effectue dans un froid cinglant, et mon cœur balance entre container à homards, souvlakis méditerranéens, moules-frites, chicon gratin belges ou sangria-jazz.

Petite Italie et Marché Jean Talon

Je rejoins le marché via le Bus no 55, ligne qui selon le Guide du Routard ne promet « rien d’extraordinaire », mais en remontant « tout le boulevard Saint-Laurent permet de faire un survol rapide du cœur de la ville et de ses communautés, en traversant le Vieux-Montréal, les quartiers chinois, juif, latino, italien et le Mile End » (Guide du Routard, Québec, 2012-2013, 134). Le voyage est rythmé par l’animation d’un conducteur très expressif, dont l’enthousiasme parvient même à amener les gens à se parler ! 2731

Marché Jean Talon. Ce marché est estampillé le plus ethnique de la ville. On y trouve beaucoup de producteurs locaux, vendant fruits, légumes, fleurs ou citrouilles. Des stands de spécialités régionales, mais aussi un stand de spécialités maghrébines, un stand de spécialités des Balkans, un stand de spécialités polonaises, entre autres. Population régionale. Un groupe d’immigrés fraîchement arrivés dans la métropole effectuent une visite guidée du marché.

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Ici  mon cœur balance entre morue, empanadas, baklavas, tourtière, carré d’érable, huîtres…

Petite Italie. L’entrée dans le périmètre est marquée d’une enseigne « Petite Italie ». On peut y visiter la Casa d’Italia, centre culturel et musée de l’immigration. On y trouve également un « Parc de la Petite Italie », ainsi que des supermarchés, banques, librairies ou magasins de vêtements estampillés eux aussi. L’identité culturelle de ce quartier communautaire historique semble entretenue. Les devantures sont un peu vieillottes, et cet après-midi-là, les cafés italiens rassemblent une clientèle d’aînés.

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Mile End

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Je foule avec un intérêt tout particulier ce qu’Annick Germain dans son article sur les quartiers ethniques montréalais présente comme un éventuel modèle cosmopolite. Un quartier qu’elle décrit avec des expressions comme « convivialité à saveur cosmopolite », « cosmopolitisme valorisé », « multiethnicité comme identité ». Le Mile End est traditionnellement un couloir d’immigration et historiquement le quartier d’immigration juive. A cette communauté historique sont venus s’ajouter progressivement d’autres populations, puis une population d’artistes et d’alternatifs dans les années 1980. Quartier cosmopolite et multiethnique aujourd’hui en gentrification, en phase de branchisation. Quartier d’accueil et d’enracinement qui offre aujourd’hui un paysage migratoire palimpseste. Réminiscence juive, mosaïque de petites enclaves ethniques, mixité socio-économique. Mélange à priori insolite mais qui fonctionne.

D’abord frappée en arrivant par l’impressionnante synagogue, j’ai été charmée par l’atmosphère du lieu, par l’éclectisme ethnoculturel (enseignes italiennes, latino-américaines, juives, asiatiques, grecques, portugaises, enseignes organiques aussi), et socio-économique du quartier. Impression d’une mini-Cosmopolis. Je dirais gentrification de degré deux, phase durant laquelle les populations cohabitent sans qu’aucune d’elle n’ait encore été chassée. Si on veut faire une analogie, je dirais que le Mile End est un peu l’équivalent montréalais du LES new yorkais. Même histoire, même fonction, même mutation, mais pas même brassage de populations. Ambiance plus chaleureuse que dans le LES cependant. Quartier d’une grande mixité, au Mile End cohabitent de nombreuses communautés avec une communauté de bobos. On peut croiser des membres de la communauté juive hassidique partageant le trottoir avec des cyclistes de la communauté bio. On peut assister à un expresso-show dans un café italien, ou se ruer dans les mythiques institutions juives de bagels, emblèmes du quartier. Le quartier est précédé d’un paysage industriel et bordé de jolies rues résidentielles arborées.

Boulevard Saint-Laurent (entre Mile End et Mont Royal)

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De par la présence ancienne des Portugais sur St-Laurent, on trouve de nombreux commerces et institutions portugaises le long du boulevard, où l’on peut également traverser le « Parc du Portugal ». Ce quartier très éclectique compte aussi de nombreux commerces grecs ou latinos, le tout mêlé d’un soupçon d’organique, et relevé d’une pointe de vintage. On trouve une portion très cosmopolite aussi vers la rue du Prince Arthur. Quant à l’ancienne « petite Grèce » vers l’avenue du Parc, elle compte aussi une présence portugaise, italienne, et des rues habitées par des juifs orthodoxes.

Mon cœur balance entre une rôtisserie portugaise et la trèèèès populaire incontournable smoked meat des villes mondiales, ici chez Schwartz’s, institution juive de la ville.

Parc du Mont Royal

Non loin de là s’élève le parc du Mont Royal, réalisé par F.L. Olmsted, le même architecte qui a conçu  Central Park à New York.

Avenue Duluth

Encore une rue cosmopolite. Entre Saint-Urbain, St-Laurent et Saint-Denis, l’avenue Duluth propose un mini tour du monde gastronomique et quelques commerces de produits ethniques. Cuisines berbère, vietnamienne, française, japonaise, hongroise, grecque, italienne, afghane, café portugais, Maison du Tibet, du Mexique, épicerie Végé, brocante, …

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Plateau Mont-Royal

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Dynamique, branché, bobo, créatif, festif, populaire, animé, voici quelques-uns des qualificatifs employés pour parler du Plateau, un quartier qui s’est fait une spécialité de mixer les styles. Bordé par des rues calmes, le quartier est connu pour être le temple des achats originaux. Le Plateau est également le quartier d’élection des Français à Montréal. Il donne une visibilité à cette immigration européenne réactivée. Durant mon séjour, on m’a parlé d’une explosion de l’immigration française depuis les années 2000, notamment par le biais des contrats Temporary Workers, piste exploitable et très exploitée par la catégorie des moins de trente-cinq ans. On m’a parlé de cette « Petite France », de ces 20’000 Français qui se seraient installés sur le Plateau, sur les 100’000 que compte la région. Des Français qui ont eu vent du quartier lors de séances d’émigration outre-Atlantique ou par des connaissances déjà installées. On dit que leur esprit d’entreprise conjugué à leur besoin de retrouver leur chez soi, a abouti à l’ouverture de nombreux commerces, notamment sur l’avenue Mont-Royal, vitrine de cette installation. Des Français qui m’ont confié apprécier cette vie québécoise où tout est plus simple, où il y a moins de stress, les gens sont plus cool, on ne se prend pas la tête, et où on vit énormément dehors l’été.

Mon cœur balance entre une autre institution juive, de bagels cette fois, plats typiques régionaux (entre poutine, pâté chinois, ragoût de boulettes, soupe de pois, fèves au lard, tourtière, pouding chômeur…),  taverne grecque, tire d’érable ou pain au chocolat.

Paysage urbain montréalais : observations & impressions

Distribution des espaces

La carte n’encourage pas toujours les échanges entre les différentes parties de la ville. Le parc du Mont-Royal est excentré et en hauteur, une autoroute coupe le Vieux Montréal et l’espace de loisirs du reste de la ville, et le Chinatown a l’air d’avoir subi une mise à l’écart.

Intégration de la diversité

A Montréal la diversité culturelle est présente partout, l’ethnicité est intégrée dans le centre-ville, où espaces et territoires sont confondus. L’ethnicité est mise en scène de façon très esthétisée dans les espaces centraux de la métropole. Une diversité très « couleur locale », « domestiquée », intégrée dans l’architecture et l’esthétique dominantes de la ville. La diversité montréalaise se manifeste donc par une omniprésence intégrée, donnant aux marquages spatiaux de cette diversité un aspect très policé. Montréal apparaît comme une ville d’ambiances, dynamique paysagère à laquelle les immigrés semblent s’être parfaitement intégrés. La « convergence culturelle » peut se lire sur les murs.

Si dans cette cité les cultures n’ont pas encore fusionné, la diversité culturelle omniprésente se célèbre et s’affiche notamment dans les innombrables restaurants. La ville propose un mix de nourritures ethniques du monde entier et de spécialités régionales. L’identité culinaire peut se résumer ainsi : un mélange de poutine, de couscous et de quinoa. L’offre culinaire permettant souvent de percer l’âme de la cité, ce mélange de cuisine régionale, cuisines ethniques et vague bio pourrait résumer plutôt bien l’identité de Montréal.

Si un esprit cosmopolite ne semble pas encore avoir émergé d’une désormais ancrée mixité montréalaise, la diversité ethnique se constate elle largement dans l’espace public, où linguistiquement, le français québécois domine, mais qui résonne aussi aux accents d’ailleurs, accent de l’anglais national, accents asiatiques, arabes ou sud-américains.

Avec deux villes au compteur, l’analyse commence à s’étoffer. Si les deux villes se caractérisent par une suburbanisation des communautés ethniques, New York est avant tout marquée par la présence de ses transnations, alors la spécificité de Montréal porte davantage sur une tendance à l’augmentation des quartiers multiethniques.

A Montréal comme à New York les comportements résidentiels sont fonction du marché du logement, des variables ethniques et socio-économiques, de l’organisation du tissu urbain, de l’histoire du peuplement ethnique de la ville, de la dynamique et de la mentalité héritées de la présence et de la succession des populations. Les localisations révèlent aussi la stigmatisation de certaines communautés et le dynamisme d’autres. A Montréal comme à New York les communautés organisent leur territorialité entre protection de l’intimité et ouverture, territoires-refuge et espace partagé. Dans les deux villes, si ces communautés s’approprient des quartiers qu’elles imprègnent de leur personnalité, ces villes ne ressemblent pas pour autant à des mosaïques éclatées. Des espaces neutres, Downtown mondialisé ou espaces de loisirs, permettent de lier et d’unifier ces communautés au sein d’une société de citoyens urbains mondialisés. En outre à Montréal les territoires ethnoculturels s’ajoutent aux quartiers résidentiels démo-linguistiques anglophones et francophones, comme Westmount et Outremont.

Parmi les tendances similaires, Montréal semble avoir été atteinte par la même vague bio que New York. J’ai en effet observé dans les deux villes le développement de cette autre communauté contemporaine, la « communauté bio », qui revendique un mode de vie plus local, plus écologique, plus solidaire, et qui a développé un mode de vie entre nostalgie et branchitude. Sa visibilité augmente dans les Villes-Monde au fur et à mesure que son mode de vie se propage.

Sinon, on retrouve plus ou moins les mêmes types d’espaces à Montréal qu’à New York : l’espace central avec la « Catherine » et le Downtown, d’autres espaces de convergence comme le Parc du Mont Royal et les îles-du  Parc Jean-Drapeau. On retrouve des territoires ethnoculturels centraux qui font désormais davantage partis de l’Histoire : anciennes enclaves immigrantes européennes, comme la « Petite Italie », « Petite Portugal », « Petite Grèce ». On retrouve aussi un ancien quartier juif devenu multiethnique et gentrifié, le Mile End. On retrouve un Chinatown « central », un quartier gays appelé Le Village, enfin un quartier patrimoine, touristique, le Vieux-Montréal.  Enfin Montréal a aussi sa ligne célébrant l’immigration, le bus 55.

Pour continuer avec les analogies, à Montréal comme à New York, les vieilles enclaves européennes ont depuis longtemps opéré une mutation, à mesure que les communautés ont été rejointes puis remplacées par de nouvelles populations, même si elles demeurent des centres historiques. Cependant, la crise de cette dernière décennie a réactivé une immigration depuis le Vieux Continent, portugaise, grecque, espagnole, ou française. La présence européenne a explosé au Canada ces dernières années, contribuant avec d’autres vagues à faire exploser la croissance de villes comme Montréal et Toronto.

Au chapitre des différences, il existe un gap assez visible dans le différentiel de développement des deux métropoles. L’espace new yorkais apparaît densifié à son maximum, densité humaine et des infrastructures, alors que si on observe à Montréal de nombreuses constructions en cours, la ville est plus aérée, avec une marge de potentiel spatial à exploiter. Dans ce sens, Montréal apparaît comme celle des deux villes qui a la plus grande marge de transformation. A Montréal, il subsiste également un côté populaire qu’on ne retrouve pas à New York. Et contrairement à Manhattan, la Montréal marginale n’a pas été évincée du centre, la ville n’a pas été aseptisée, a su conserver ses aspérités. Le stade de gentrification est moins avancé.

De l’hiver à la lumière

Lors de mon dernier jour, et comme pour me consoler, l’hiver anticipé a laissé place au fil de la journée à une magnifique journée d’automne au vent doux, révélant les rues de Montréal, leur permettant de se revêtirent de leur plus belle lumière. Une journée pour retirer les gants, savourer la lumière et l’architecture, l’ouverture des gens. Comme si j’avais été éteinte et que la lumière fut. J’ai vu les visages s’ouvrir à moi selon une gradation qui semblait répondre à la météo. Soudain, les Québécois qui m’étaient apparus tour à tour affables, taquins, combattifs, carrés, cultivés, pragmatiques, barrés, frondeurs, matérialistes, généreux, semblaient m’adopter !

Parfaite journée de transition, je retrouve l’énergie pour la prochaine étape. Je repars légère, guillerette, avec l’envie de découvrir, de travailler et de m’ouvrir. De poursuivre ma séquence temporelle de casanière curieuse qui pratique le cabotage. Montréal au final m’aura offert une somme de plaisirs esthétiques et gustatifs. Mais pour des raisons de surplus d’images, de creux du voyage, et d’attentes non satisfaites, nos énergies, à ce moment particulier, ne furent pas en phase, la connexion pas instantanée. Je suis arrivée en Francophonie saturée d’images, d’attentes et de fausses idées, persuadée de connaître cet entre-deux-mondes, cette terre francophone dans un monde nord-américain. Et puis j’ai dû réaliser que je m’étais trompée, que l’imaginaire est un grand cachottier.

J’ai découvert une population avec une très forte identité régionale, et ce n’est pas ce que j’étais venue chercher, en quête que je suis d’espaces « vierges », de toile à colorer par la Cosmopolis. Montréal est trop québécoise. Je ne pense pas que Montréal puisse être la Cosmopolis. Au fond, même si elle n’a pas répondu aux attentes de la réflexion du Projet Cosmopolis, Montréal fut une véritable rencontre, inattendue, nouvelle pour moi. Et maintenant le premier choc culturel passé, je repars avec une folle envie d’y retourner, de creuser, et je sais que je reviendrai pour visiter le Québec, en été.

Après escale en enclave francophone, poursuite en monde anglo-saxon

Alors que New York m’était apparu comme un tentaculaire organe poussé au sommet de ses capacités, Montréal m’a donné l’impression d’une recette de cuisine en macération. Au final, la diversité est à chaque coin de rue à Montréal, sous la forme d’un ethnicisme esthétisé. Cette diversité est surtout célébrée dans les assiettes, mais lors de nombreux festivals aussi. La diversité est également beaucoup interrogée dans cette enclave où l’on semble encore tâtonner, à la recherche de la bonne formule. Cette diversité est venue se greffer sur une spécificité québécoise, une forte personnalité, une identité revendiquée, une identité en combat. Montréal : une multiculturalité greffée sur un peuple en proie à la lutte pour sa propre identité de minorité culturelle, et des touches omniprésentes de la présence d’autres minorités.

Montréal n’est pas la Cosmopolis, ni une Ville-Monde au sens où elle ne s’est pas déconnectée de son environnement pour se réterritorialiser en tant que pôle du réseau transnational, elle reste ancrée dans le territoire. Au-delà du cas spécifique montréalais, le multiculturalisme canadien m’interroge : comment faire émerger une Cosmopolis et surtout une nation unifiée, quand l’immigré d’hier ne devient pas simplement citoyen d’aujourd’hui, mais le membre d’une « minorité visible » ? Affaire à suivre à Toronto donc…

A New York je me suis fondue à cette population du réseau, pour laquelle tout, même les rapports humains, sont plus rapides et plus éphémères. A Montréal, j’ai été immergée dans une population du territoire, à la forte identité régionale, avec laquelle la rencontre nécessite davantage de temps. Mais ne nous méprenons pas. Le fait que Montréal ne soit pas disposée à accueillir la Cosmopolis n’enlève rien à la sympathie et à l’accueil des Montréalais. L’appréciation n’est pas de cet ordre-là. On m’a soufflé aujourd’hui que Toronto n’avait pas le même esprit que Montréal, mais une mentalité davantage tournée vers le business, davantage nord-américaine. Je pars en tout cas avec la certitude réjouie de trouver sur ma route une fois encore une ville qui aura eu sa manière unique d’intégrer la mondialité à sa personnalité et de s’adapter à la mondialisation. Vivement !

Consultations / Pour aller plus loin

Dictionnaire des migrations internationales – approche géohistorique, article Canada

« Le rapport à l’espace des jeunes issus de parents immigrés en région au Québec : un bricolage inédit ? », Myriam Simard, 2003

De la mosaïque à l’harmonie : le Canada multiculturel au XXIème siècle

« Vers la ville pluraliste ? Distribution et localisation des minorités visibles à Montréal, Toronto et Vancouver en 2001 », Xavier Leloup, 2007

« Les quartiers multiethniques montréalais : une lecture urbaine », Annick Germain, 1999

« Une histoire des enclaves ethniques au Canada »

Le Guide du Routard, Québec, 2012/2013

http://www.toutmontreal.com/guide/quartiers/autresile/description.html

http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201206/10/01-4533466-la-vitalite-de-deux-quartiers-ethniques.php

http://autremontreal.com/thematiques_2.html

http://www.immigrer.com/faq/sujet/ou-sinstaller-a-montreal-.html

http://matv.ca/montreal/mes-emissions/open-tele

http://www.guidesulysse.com/catalogue/Le-tour-du-monde-a-Montreal-Art-de-Vivre-Ulysse,9782894649442,produit.html?gclid=CIzh6ueqwcECFZBi7AodpFAALA

http://www.urbanphoto.net/blog/2007/01/01/welcome-to-mile-end/

http://www.petiteitalie.com/

http://casaditalia.org/

http://canada.metropolis.net/pdfs/ghetto_myth_f.pdf

http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-260/Patrimoine_de_la_diversit%C3%A9_culturelle_%C3%A0_Montr%C3%A9al.html#.VFZMYmf1Njc

http://ici.radio-canada.ca/actualite/zonelibre/03-09/parc-extension.asp

http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=6897,67885704&_dad=portal&_schema=PORTAL

http://cmm.qc.ca/fileadmin/user_upload/periodique/24_Perspective.pdf

http://www.statcan.gc.ca